Dans les entreprises du secteur de l’IoT (Internet of Things ou Internet des Objets en français), il est de plus en plus question d’une convergence avec la technologie Blockchain. D’ailleurs, selon une étude de Zion Market Research, le marché de l’IoT-Blockchain vaudra plus de 3 milliards de dollars en 2025. Ces chiffres étant loin d’être négligeables, il est tout à fait légitime de se demander ce qui les justifie. Dans cet article, vous découvrirez comment la blockchain peut perturber l’industrie des objets connectés et quels obstacles peuvent entraver la pleine exploitation de ce cocktail technologique par les industriels.
La blockchain au service de l’IoT
Pour rappel, l’IoT est une technologie qui consiste à incorporer dans des objets des systèmes informatiques équipés de capteurs et de microcontrôleurs afin de les faire communiquer entre eux par le biais du réseau Internet.
Aussi parle-t-on d’objets connectés pour désigner les appareils implémentant cette technologie. En général, il s’agit de dispositifs utilisés dans la vie quotidienne tels que les montres, les télévisions, les réfrigérateurs, les voitures ou les feux de signalisation.
En plus de la collecte de données assurée par les capteurs, les objets connectés peuvent être contrôlés à distance. Il en résulte que l’IoT manipule une importante quantité de data et se heurte donc aux difficultés liées à l’exercice d’une telle activité, telles que la sécurisation et la gestion des données.
La sécurité des données
L’un des principaux défis pour les acteurs du marché de l’IoT est de garantir la protection des données personnelles des utilisateurs.
Cela est d’autant plus essentiel que le manque de normalisation dans ce secteur implique la possibilité pour quiconque de fabriquer et commercialiser des objets connectés en vue d’exploiter les données générées à l’insu et/ou contre leurs propriétaires.
En outre, les pirates informatiques tentent en permanence de prendre le contrôle à distance de systèmes présentant des failles à des fins criminelles.
Fort heureusement, la Blockchain propose des solutions intéressantes pour répondre à cette problématique envahissante.
Tout d’abord, alors que les systèmes IoT traditionnels centralisent le stockage et l’analyse des données collectées, la Blockchain permet de décentraliser ces opérations en les attribuant à des milliers de nœuds indépendants. Cela élimine la dépendance à l’égard d’un point de vulnérabilité unique et garantit ainsi la disponibilité des données en temps réel.
Dans un second temps, la Blockchain permet d’anonymiser ou de pseudonymiser les transactions, ce qui permettrait de préserver la confidentialité des données récoltées par les objets connectés.
Aussi, les données enregistrées sur la Blockchain ont la réputation d’être immuables, ce qui signifie qu’elles ne peuvent être ni altérées ni modifiées.
La Blockhain peut également être utilisée pour attribuer une identité numérique aux objets connectés et à leurs détenteurs. Ces informations pourraient être utilisées pour s’assurer qu’une transaction a été effectuée entre deux entités (exemple : une voiture connectée qui achète de l’essence à une station service intelligente).
De plus, la vérification des données par des validateurs (mécanismes de consensus) peut être utile pour détecter et éjecter les nœuds pourvoyeurs de données qui tenteraient de corrompre le réseau.
Ainsi, grâce à la Blockchain, l’IoT pourraient se rapprocher davantage des 5 piliers de la sécurité informatique : disponibilité, confidentialité, intégrité, non-répudiation et authentification.
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La gestion et le partage des données
En général, les données de l’IoT sont stockées dans des bases de données qui n’ont pas nécessairement la même structure. Ce manque de cohérence complexifie la lecture et l’interprétation des données dans un environnement hétérogène (multi-plateforme). Grâce aux fonctions de hachage cryptographique, les données peuvent être formatées de la même manière, ce qui facilite leur traitement et leur distribution.
Dans la même perspective, les smart contracts, qui permettent d’automatiser les transactions sur la blockchain, peuvent jouer un rôle important. Pour rappel, il s’agit de codes informatiques programmés pour exécuter systématiquement des actions sous certaines conditions.
Dans le cadre de l’IoT, les contrats intelligents peuvent exploiter les données provenant d’objets connectés pour vérifier le respect des termes convenus et ensuite provoquer des événements sur d’autres objets connectés.
Par ailleurs, les smart contracts peuvent aussi servir à limiter l’accès à l’information à un groupe d’individus ou à des dispositifs répondant à certains critères, ou encore à une période donnée.
De cette manière, le recours à un tiers de confiance pour surveiller et autoriser les micro-transactions devient inutile, ce qui permet de réduire les coûts et d’améliorer la qualité de service.
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Les limites de la convergence entre la blockchain et l’IoT
Bien que ces deux technologies aient un potentiel énorme lorsqu’elles sont combinées, il leur faut contourner certaines barrières découlant de leurs spécificités intrinsèques.
La volatilité et la non-réglementation des cryptomonnaies
L’un des principaux problèmes qui affectent l’utilisation de la Blockchain par les entreprises du secteur de l’IoT est la nécessité d’utiliser des cryptomonnaies pour régler les transactions. Pour des raisons réglementaires et économiques, les entreprises sont encore réticentes à adopter les crypto-actifs.
La volatilité du cours des crypto-devises constitue un frein majeur. Imaginons un contrat intelligent qui automatise le paiement d’un produit/service. Le marchand sera exposé en permanence à un risque de perte élevé, dans la mesure où la valeur des cryptomonnaies sur le marché n’est pas stable.
Bien que les stablecoins puissent potentiellement apporter une solution à ce problème de volatilité, ils ne seront pas systématiquement utilisés par les entreprises pour les raisons suivantes. Premièrement, il s’agit d’instruments financiers non réglementés, ce qui, d’un point de vue institutionnel, n’est pas rassurant. Deuxièmement, l’intégration des stablecoins dans les systèmes comptables existants constitue une charge opérationnelle substantielle, car cela entraînera des coûts en termes de temps de travail et de ressources financières.
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L’interopérabilité cross-chain
L’interopérabilité entre les blockchains est un facteur essentiel pour tirer le meilleur parti des avantages de la paire IoT-Blockchain. La crainte est que des objets connectés puissent bien communiquer entre eux tant qu’ils sont connectés à la même blockchain (exemple : Bitcoin-Bitcoin) mais ne le puissent pas lorsque les réseaux décentralisés sont différents (exemple : Bitcoin-Ethereum). Heureusement, de nombreux protocoles tels que Poly Network tentent déjà de surmonter ce handicap.
La scalablité
La majorité des objets connectés n’ont pas une puissance de calcul suffisante pour agir comme des nœuds à part entière dans un réseau blockchain. Or, selon une étude de Statista, le nombre total de terminaux connectés à l’IoT devrait atteindre 75,44 milliards d’unités d’ici 2025. Même si l’IoT n’implique que des micro-transactions, les blockchains existantes devront aller bien au-delà de leurs limites actuelles en termes d’évolutivité.
La sécurité des équipements
Même si la Blockchain offre un niveau de sécurité élevé, il n’en va pas forcément de même pour les objets connectés eux-mêmes, qui dépendent essentiellement du niveau de compétence de leurs fabricants. Par conséquent, les interfaces de connexion entre les blockchains et l’IoT restent des points de vulnérabilité importants. Il incombe donc aux industriels qui créent des objets connectés de renforcer au maximum la sécurité de leurs produits en investissant davantage dans ce domaine.
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Quelques cas d’utilisation de la blockchain dans l’industrie de l’IoT
IOTA
De nombreux projets blockchain destinées à l’industrie de l’IoT ont déjà vu le jour. L’un des plus connus d’entre eux est IOTA. Cette technologie de registre distribué (DLT) a été spécialement conçue pour transmettre des données provenant d’objets connectés.
Grace à son protocole Directed Acyclic Graph (DAG) appelée Tangle, IOTA supporte la montée en charge et élimine la nécessité de payer des frais de transactions. Cela peut s’avérer très utile pour un système devant acceuillir des millions de micro-transactions quotidiennement.
IOTA collabore avec de nombreuses entreprises, dont Bosch, le leader mondial de l’électronique, avec qui elle a travaillé au développement du XDK2MAM. Il s’agit d’un capteur qui permet de mesurer plusieurs paramètres (accélération, humidité, pression, température, …), d’enregistrer ces données et de les vendre sur la IOTA Data MarketPlace.
VeChain
Le projet VeChain a été développé pour améliorer la gestion de la chaîne d’approvisionnement et plus généralement pour répondre aux besoins du monde réel en combinant la technologie Blockchain et l’IoT.
VeChain propose des puces intelligentes qui fonctionnent comme des capteurs et enregistrent les informations de leur environnement qui sont ensuite sauvegardées dans sa blockchain publique VeChainThor. Ces dispositifs sont utiles dans la lutte contre la contrefaçon et conviennent parfaitement aux industries telles que la mode, les produits de luxe ou encore l’alimentaire.
Streamr
Streamr est une plateforme décentralisée qui collecte des données en temps réel dans le but de construire une économie autour de la vente et de l’exploitation de données issues de l’IoT. Plus précisément, Streamr permet aux propriétaires d’objets connectés de monétiser les données collectées avec leurs appareils.
Par exemple, une voiture connectée fournira des données telles que le trafic, le prix du carburant, la position de la station service ou des places de parking le long d’un itinéraire. Ces données peuvent être vendues et achetées par une entreprise pour optimiser les prises de décisions dans une smart city (ou ville intelligente en français).
Conclusion
Malgré leur potentiel indéniable quant à la modernisation de la société et des entreprises, les technologies IoT et Blockchain restent pour le moment embryonnaires. Sur la base des éléments qui précèdent, il est certain que la Blockchain pourrait permettre de renforcer le sentiment de sécurité vis-à-vis des objets connectés. Elle pourrait également favoriser le développement de nouveaux modèles économiques, élargissant ainsi le champ des possibles pour les acteurs de l’industrie de l’internet des objets. Même si certains défis jettent encore une ombre sur le tableau, la fusion de ces technologies est très prometteuse.